Le voyage

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Je poursuis mon ascension à pied par le chemin de montagne. Je m'arrête un instant et regarde en arrière. Au loin, je vois le tracé d'un fleuve, et ce qui pourrait être un bosquet. Plus loin, un désert rougeâtre s'efface dans la brume du couchant.
J'avance encore de quelques pas sur le sentier, qui rétrécit jusqu'à disparaître. Je sais qu'il reste une dernière étape, la plus difficile, avant d'atteindre le plateau. La neige gêne à peine mes déplacements; aussi je continue mon ascension.
Je suis arrivé à la paroi rocheuse. Je l'étudie attentivement et découvre dans sa structure une fissure par laquelle je pourrais escalader. Je commence à monter, accrochant mes brodequins aux saillies. Je colle mon dos contre une paroi de la fissure et, en prenant appui sur mon coude pour faire levier avec l'autre bras, je monte.
La fissure est maintenant plus étroite. Je regarde en haut et en bas. Je me trouve à mi-chemin. Impossible de me déplacer, ni dans un sens ni dans l'autre.
Je change de position, me retrouvant plaqué de face, contre la paroi glissante. J'assure les pieds et très lentement, je tends un bras vers le haut. La roche me renvoie le souffle humide de ma respiration.
Je tâte la paroi sans savoir si je trouverai une petite fissure. J'allonge l'autre bras doucement; je sens que je me balance. Ma tête commence à s'éloigner lentement de la pierre, puis tout mon corps. Je vais tomber en arrière... Mais je trouve un petit trou dans lequel j'ancre mes doigts. Ainsi assuré, je poursuis l'ascension, grimpant sans difficulté dans l'assaut final.
J'arrive enfin tout en haut. Je me redresse et devant moi, apparaît une prairie à perte de vue. Je fais quelques pas, puis je me retourne. Du côté de l'abîme, il fait nuit. Du côté de la plaine, les derniers rayons du soleil se perdent en de multiples tonalités. Alors que je compare ces deux espaces, j'entends un son aigu. Je lève les yeux et je vois un disque lumineux suspendu qui, bientôt commence à descendre en décrivant des cercles autour de moi.
Il s'est posé très près de moi. Mû par un appel intérieur, je m'approche sans appréhension. Je pénètre à l'intérieur avec la sensation de traverser un rideau d'air tiède. A l'instant même, je sens mon corps s'alléger. Je suis dans une bulle transparente aplatie à la base.
Comme sous l'impulsion d'un grand élastique, nous partons tout droit. Je crois que nous allons dans la direction de bêta Hydrae, ou peut-être vers NGC 3621 (?).
Furtivement, je parviens à voir le soir tomber sur la prairie.
Nous montons à grande vitesse: le ciel s'obscurcit alors que la Terre s'éloigne.
Je sens que la vitesse augmente. Les étoiles limpides changent de couleur jusqu'à disparaître dans l'obscurité totale.
Devant moi, je vois un point isolé, lumineux et doré, qui grossit. Nous nous dirigeons vers lui. C'est alors que se précise un grand anneau prolongé d'un très long couloir transparent. Au bout d'un moment, nous nous arrêtons subitement. Nous sommes arrivés dans un endroit dégagé. Je traverse le rideau d'air tiède et sors de l'objet.
J'avance parmi des murs transparents qui produisent des changements de couleur musicaux quand on les traverse.
J'avance encore jusqu'à parvenir à une surface plane au centre de laquelle je vois un grand objet mobile, impossible à cerner du regard, car quelle que soit la direction suivie à sa surface, celle-ci finit par s'enrouler à l'intérieur du corps. Ça me donne des vertiges; je détourne le regard.
Je rencontre une silhouette apparemment humaine. Je ne peux voir son visage. Elle me tend une main dans laquelle je vois une sphère rayonnante. Je commence à m'approcher et, en un acte de complète acceptation, je prends la sphère et la pose sur mon front. (*)
Alors, dans un silence total, je perçois que quelque chose de nouveau commence à vivre en moi. Des ondulations successives et une force croissante baignent mon corps, tandis que jaillit de mon être une joie profonde. (*)
Je sais que, sans dire un mot, la silhouette me dit: «Retourne au monde avec tes mains et ton front lumineux.» (*)
Alors, j'accepte mon destin. Puis la bulle, l'anneau, les étoiles, la prairie et la paroi rocheuse. (*)
Enfin, le chemin et moi, humble pèlerin qui retourne vers les siens. (*)
Moi, qui reviens lumineux vers les heures et la routine des jours, vers la douleur de l'homme et sa joie simple.

Moi qui donne de mes mains ce que je peux, qui reçois l'offense et le salut fraternel, je dédie un chant au cœur qui, de l'abîme obscur, renaît à la lumière du Sens ardemment désiré.

Expéreinces guidées, Copyright © Silo, 1989 ;
 Copyright © Editions Références 1997 pour la traduction française ;
ISBN 2-910649-04-0

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Thèmes d’échanges possibles

Vérifier si les images proposées quant à la silhouette et à la sphère ont été représentées de façon appropriée. Ne tenir compte que des sensations décrites dans la scène où la sphère est posée sur le front.

Recommandations


Vérifier si les images proposées quant à la silhouette et à la sphère ont été représentées de façon appropriée. Les résistances importantes à vaincre sont celles qui empêchent de recréer les sensations mentionnées.

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