Le ramoneur


Je me trouve dans une pièce, assis à côté de quelqu'un que je ne connais pas mais en qui j'ai une confiance absolue. Il a toutes les caractéristiques d'un bon conseiller: bonté, sagesse et force. Pourtant, nombreux sont ceux qui lui donnent le pittoresque sobriquet de “ramoneur”.
Je suis venu le consulter sur quelques problèmes personnels et, pour sa part, il a répondu que mes tensions internes étaient si fortes que le plus indiqué était de faire un exercice de “nettoyage”.
Sa discrétion est si grande que, du fait qu'il se trouve assis à mes côtés sans me fixer du regard, je peux m'exprimer librement. Nous établissons ainsi une très bonne relation.

Il me demande de me détendre complètement, en relâchant mes muscles. Il m'aide en posant ses mains sur mon front et sur les différents muscles du visage. (*)
Il me prend ensuite la tête et la fait bouger de gauche à droite, en avant et en arrière, pour que je détende le cou et les épaules. Il insiste sur l'importance de bien relâcher les yeux et la mâchoire. (*)
Il m'indique ensuite de relâcher les muscles du tronc. D'abord, ceux de devant. Puis ceux de derrière. (*)
Il ne s'est pas préoccupé des tensions des bras et des jambes car, assure-t-il, leur détente en découle, suite à ce qui précède. Il me recommande à présent de sentir mon corps mou comme du caoutchouc, “tiède” et lourd, jusqu'à parvenir à une sensation cotonneuse et délicieuse. (*)

Il me dit: «Allons droit au but. Revoyez dans les moindres détails ce problème qui vous malmène. Considérez que je ne suis pas là pour vous juger. Je suis un instrument à votre disposition et non l'inverse. (*)
«Pensez à ce que vous ne raconteriez à personne, sous aucun prétexte, continue-t-il. (*)
«Racontez-le-moi en détail, dit-il. (*)
«Si vous voulez, dites-moi aussi tout ce qu'il vous ferait du bien de transmettre. Dites-le sans vous préoccuper des expressions et laissez aller librement vos émotions.» (*)
Un moment après, le ramoneur se lève et se saisit d'un objet allongé, légèrement recourbé. Il se place en face de moi et dit: «Ouvrez la bouche!» Je lui obéis. Ensuite, je sens qu'il y introduit une sorte de longue pince qui m'arrive jusqu'à l'estomac. Cependant, je constate que je peux la supporter... Soudain, il s'écrie: «Je l'ai attrapé!» et il commence à retirer l'objet, petit à petit. Au début, il me semble qu'il m'arrache quelque chose, mais je sens bientôt naître en moi une agitation agréable comme si quelque chose qui était depuis longtemps malignement collé à mes entrailles et à mes poumons était en train de s'en détacher. (*)

Il continue de retirer la pince. Je suis surpris en sentant sortir de ma bouche, retenue par la pince, une forme douceâtre, malodorante et visqueuse qui se tord... Enfin, alors que le ramoneur met cet être désagréable dans un récipient transparent, je ressens un immense soulagement, comme une purification interne de mon corps.
Debout, bouche bée, j'observe la “chose” répugnante qui se dilue progressivement pour se transformer en une gélatine informe. Elle devient bientôt un liquide obscur, puis s'éclaircit peu à peu, pour enfin se consumer et s'échapper tel un gaz dans l'atmosphère. En moins d'une minute, le récipient est devenu parfaitement propre.


«Vous voyez – dit le ramoneur – c'est pour cela que l'on appelle ce procédé un “nettoyage”. Enfin, ce n'était pas mal aujourd'hui. Un peu de problèmes quotidiens avec un peu d'humiliation, une dose de trahison et le tout garni d'une pincée de conscience coupable. Résultat: un petit monstre qui vous empêchait d'avoir de beaux rêves, une bonne digestion et autres bonnes choses. Si vous aviez vu... J'ai parfois sorti des monstres énormes. Bien, ne vous en faites pas si vous gardez une sensation désagréable pendant un moment... Au revoir.»

Expéreinces guidées, Copyright © Silo, 1989 ;
 Copyright © Editions Références 1997 pour la traduction française ;
ISBN 2-910649-04-0

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Thèmes d’échanges possibles

Vérifier si à la fin de l’expérience, on a senti la sensation de soulagement.

Recommandations

Vérifier si l’on éprouve une sensation d’allègement une fois l’expérience terminée. Vérifier, dans la vie quotidienne, si les problèmes racontés dans la "catharsis" ont perdu de la force ou s’ils ont été compris à un niveau moins conflictuel.

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